Une nouvelle terre (le matin)

Nicolas ne savait pas combien de temps il était resté caché au fond du bateau, caché parmi les tonneaux remplis de poisson ou des boîtes contenants quelques meubles. Il savait seulement qu’il avait hâte de retrouver la terre ferme, de pouvoir bouger à sa guise et de ne plus sentir le va et vient que faisait le bateau dans les vague de la mer. Il souhaitait également arriver le plus tôt, car il ne lui resterait plus assez de vivres pour pouvoir survivre suffisamment longtemps. Il était aussi épuisé, car il devait toujours être sur le qui vive pour ne pas se faire repérer. Qui sait ce qu’ils lui auraient fait. Ils l’auraient probablement jeté par dessus bord, le laissant se noyer ou se faire manger par les créatures sou marines.

Trois semaine plus tard, jour pour jour, depuis son embarquement, le bateau s’arrêta enfin à un port. Épuisé et Sale, Nicolas ne pensait qu’à une chose : de partir au plus vite de ce lieu infect qui sentait l’infâme poisson pourri. Cependant, ne voulant pas être découvert, il attendit qu’un marin ouvre la cale et descende pour voir si tout le matériel était en place. Lorsqu’il passa tout près de lui, Nicolas se cacha entre deux tonneau rempli de morues et se dirigea doucement vers l’escalier. Trop occupé à devoir ramasser un tonneau qui s’était fracassé en disant des jurons, il ne s’aperçu même pas de la présence de l’étranger.

Rendu en haut de l’échelle, il regardais si la voie était libre et s’aperçu que le pont était désert, à part une seule famille qui se dépêchait de descendre. À son premier regard, Nicolas trouvait qu’ils semblaient fort pauvre. Il eut pitié d’eux un court instant et lorsqu’ils passèrent à côté de lui, il sauta prestement d’un bond pour les suivre, ses affaires sur une épaule, et sa main droite qui était dans sa poche, tenant fermement un petit médaillon, souvenir de ses parents. On avait à maintes reprises voulu le lui voler, mais jamais ils n’avaient réussit. Nicolas tenait à ce bijou qui représentait ses parents qui l’on jadis abandonné, lui laissant l’obligation de gouverner un pays en entier.

Après avoir passé la nuit dans une de ses maisons abandonnées et humide, Llane s'était rendue au port, espérant sans doute dénicher un petit "quelque chose à manger" . Hélas, arrivée sur le quais, elle vit que la seule chose plus ou moins mangeable était les caisses de poissons que les marins s'empressaient de sortir du bateau. Elle s'avança lentement vers les caisses en grimaçant. L'odeur du poisson lui était insupportable, allez donc savoir pourquoi. Elle soupira puis examina les lieux, mais apparemment, toutes les caisses contenaient exactement la même chose.

[ Il fallait s'en douter ... Après tout, à part du poisson on ne trouve rien SUR UN BATEAU QUI REVIENT DE MER !!! ]

A la limite de l'explosion, Llane respira profondément pour essayer de calmer la colère qui montait doucement.

- Eh toi ! ... Oui ! Toi !

Llane tourna lentement la tête vers le marin.

- Vous m'avez parlé ? demanda t-elle, l'air las.

- Tu veux bien nous aider à porter les caisses dans cet entrepôt ? demanda le marin.

- Vous pensez que je n'ai que ça à faire ?! Pff, répondit-elle en s'éloignant.

Le marin poussa un juron et ordonna -peu aimablement- aux autres de se depêcher. Llane marcha le long du quais, cherchant une brillante et soudaine idée pour faire taire cet estomac qui lui rappelait sans cesse les derniers jours de Jeûn. Elle soupira et finit par s'asseoir au bord de l'eau.

Aussitôt qu'il fut sorti du bateau, Nicolas s’éloigna progressivement de la famille et continua dans une autre direction. Les gens le remarquaient assez facilement, car il était très sale et il puait le poisson. Il s’arrêta non loin de l’eau, et chercha un endroit ou il pourrait aller se laver. Au loin, il vit une forêt, et se décida d’y aller.

- Eh toi ! ... Oui ! Toi !

Il regarda dans la direction d’ou la voix venait, et découvrit que c’était un marin qui parlait. Ayant cru que l’homme avait découvert qu’il s’était embarqué incognito sur le bateau, il ne pensa qu’à une chose pour s’en échapper; sauter en bas du quai. Rapidement, il referma sa poche ou se trouvait son médaillon, et courut jusqu’au bord du quai. Dans son plongeon, il n'entendit pas que le marin s’était adressé à une jeune fille.

Quand il arriva dans l'eau, sa fraîcheur lui fit le plus grand bien et resta sur place quelques secondes. Il décida d’y immerger lorsqu’il cru assez loin de son endroit de départ et lorsqu’il commença à manquer d’air. Il prit une grande respiration quand il sorti de l'eau et y découvrit une jeune fille assis au bord du quai.

- Aye toi! Est-ce qu’il y a des marins tout près?

Elle contempla longuement l'océan. C'était quelque chose qu'elle avait toujours détesté, les poissons, le sable, la mer. Pourtant la vue de l'ocean ne la dérangeait pas, bien au contraire. Enfin, si on mettait bien entendu de côté cette odeur putride. Mais elle sortit de ses songes lorsque quelqu'un, qu'elle avait à peine apperçut quelques secondes, se jeta dans l'eau.

[ Décidèment...Les gens sont tous fous ]

Quand elle comprit que la personne en question cherchait juste à fuir les marins, elle ne put retenir un sourire moqueur. Biensûr, elle aussi était clandestine, mais elle ne se serait jamais jeter dans l'eau à cause de simples marins. Elle regarda furtivement derrière elle, pour voir si les marins étaient encore là.

- Oui, ne bouge pas.

C'était le deuxième clandestin qu'elle aidait depuis qu'elle était arrivée, à croire qu'elle s'était un peu ramolie. Oui, Llane n'était pas une de ses filles connues pour leur gentillesse. Elle était même tout le contraire. Qui sait ? Peut-être était-elle de bonne humeur aujourd'hui.

Elle attendit patiement, les marins continuaient de décharger le bateau, et vu le nombre de caisse, ils en avaient encore pour des heures. Elle soupira puis reporta son attention vers le clandestin.

- A ta place, je ferai le tour. Ils n'ont pas l'air d'avoir terminer, lui répondit-elle en soupirant.

Il aimait bien la sensation que lui procurait l’eau, mais il préférait avant tout être au sec, surtout pour courir, si jamais quelqu’un en viendrait à vouloir lui courir après. Il replongea dans l'eau et il déposa son sac sur son dos. Il retourna à la surface de l'eau et il pouvait mieux se mouvoir en nageant sur place. Patiemment, il attendit la réponse de la jeune femme et émit un soupir de découragement.

-Merci, lança t-il à la demoiselle.

Il parti à nager et trouva l’échelle assez rapidement en faisant le tour. Il commença à grimper et sentit tout le poids de ses vêtements trempés qui l'empêchaient de monter facilement. Il prit le temps de monter pour que l'eau puisse s'enlever de ses vêtements et de ses cheveux et attendit qu’il y ait le moins de monde possible avant de monter les dernières marches.

Juste après que le garçon ait disparu, le marin que Llane avait gentiment envoyé promener avanca vers elle. Cette dernière se releva et fixa l'homme d'un air sombre.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ?! grogna t-il. Il n'y a plus rien à voir ! Alors tu ferais mieux de partir avant que je ne t'y force !

- Ah oui ? répondit Llane en levant les yeux au ciel. De toute façon, je ne comptais pas rester bien longtemps, votre odeur est insupportable !

Elle s'éloigna de l'homme lentement, sans lui lancer un regard. Celui ci resta planté au bord du quais, fulminant tout doucement. Apparement, il n'était pas habitué à ce qu'on lui manque de respect, qui plus est, jamais une " femme " ne lui avait parlé comme ça. Il regarda une fois de plus la silhouette de la jeune fille et s'éloigna en marmonnant.

- Pff...Voleuse...Revienne plus ici...Ca non...

Llane traversa le port, perdue une fois de plus dans ses pensées. Elle s'arrêta finalement devant le jeune homme qui remontait l'echelle, trempé jusqu'aux os. Elle croisa les bras et le regarda sans un mot.

-Quoi!!! lui dit-il quand il la vit au dessus de lui, les bras croisé.

Il finit de remonter la dernière marche et regarda autour de lui pour voir si personne ne le regardait. Il était sauf, pour l’instant, car il ressemblait que trop à un clandestin, avec ses vêtements mouillé et l’odeur de poisson qui était un peu resté. Non sans méchanceté, il se secoua les cheveux près de la femme, lui arrosant un peu sa robe.

[Haa, ça fait du bien]

Il s’ouvrit les yeux, regarda la dame et se sentant un peu coupable :

-On peut aller dans une auberge pour nettoyer votre habit si vous voulez. De toute façon, il faut que j’y aille aussi pour mes vêtements… et en plus, je meurs de faim…

Nicolas n’avait pas côtoyé des inconnus trop longtemps, mais il avait une dette envers cette jeune fille qui l’avait aidé à s’en sortir au quai. Sa psychologie est " tu m’aide je t’aide, on se revoit plus…"

La jeune fille fit une grimace lorsqu'elle regarda ses vêtements, mais elle se concentra sur le plus important: Le suivre à la taverne ou non ? Llane semblait hesitante. Tout ce qu'elle voulait, c'était trouver quelque chose d'interessant. Or à la taverne, il ne se passait jamais rien, quoique...

[ Je n'ai pas d'argent ... ]

Raison de plus ! pensa t-elle. Elle irait voler d'autres vêtements ailleurs, mais pour l'heure le plus important était de trouver à manger - Et peut-être un peu d'action si possible.

- Non, vas-y seul, répondit finalement Llane.

- Hey !

Llane se tourna lentement, sachant très bien à qui appartenait cette voix. Le marin qui lui avait dit plus tôt de partir, ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire aussi facilement. Et apparemment, il n'avait pas l'air ravie de savoir qu'une voleuse se promenait sur le port. Llane soupira.

- Mais quel imbécile. Bon, tu ferais mieux de partir, dit-elle au jeune garçon.

[ Et moi je vais m'amuser avec cet idiot de marin ]

Nicolas attendait patiemment la réponse de la jeune femme et fut déçu. Dans son clan, on l’avait toujours habitué que si quelqu’un l’aidait, il devait l’aider à son tour, mais puisqu’elle ne voulait pas, et il détestait rester avec une dette envers quelqu’un.

-C’est la première fois que je voit une personne refuser un dîner gratuit.

-Hey!

Le marin était revenu à la charge et Nicolas ne se laisserait pas faire cette fois. Il n’irait pas se cacher, il irait plutôt le provoquer s’il faudrait qu’il les laisse en paix, mais lorsqu’il entendit son interlocutrice lui dire de partir, il n’en croyait pas ses yeux, cette jeune fille pensait qu’il se sauverait comme un voleur. Une fois c’est correct, mais deux c’est trop. Il regarda la femme avec stupéfaction.

- Je suis capable de me battre tous seul tu saura. Ça serait plutôt à toi de partir te réfugier comme une gentille fille.

Nicolas voulait la rendre à pic en disant ses mots, et pour compléter, lui fit un sourire qui la rendra sûrement furieuse.

Les paroles du jeune homme la fit sourire malgrès elle. Pensait-il sincèrement qu'elle était une frêle jeune fille, incapable de se défendre ? Si c'était le cas, il allait bientôt amèrement regretter ces paroles. Llane était tout sauf innocente, d'ailleurs, cela se sentait bien. Rien qu'en la regardant, on savait très bien qu'elle avait déjà donné la mort à mainte reprise. Oui, Llane avait perdu la notion de bien et de mal il y a fort longtemps, aujourd'hui elle agissait selon ces envies.

- Oui, je pense avoir atteint mon quota de gentillesse pour aujourd'hui, répondit la jeune fille d'un ton sarcastique. D'ailleurs je vais finir par faire une overdose.

Tandis que le marin s'approchait dangereusement des deux jeunes gens, Llane ne cessait d'afficher ce petit sourire arrogant qu'on lui connaissait si bien.

- J'le savais bien ! Vous êtes tout les deux des voleurs ! Parfait, on va bien rire. Et toi...C'est pas parce que t'es une fille que j'vais y aller doucement, ajouta l'horrible marin à l'adresse de Llane.

Effectivement, ce n'était pas le marin le plus " beau " du port. " Légèrement " enveloppé, le visage sale, des dents parfaitement...Jaunes ? Un tablier couvert de graisse, et d'où se dégageait une merveilleuse odeur de pourriture. Et n'oublions pas ce sourire narquois, pensant à la raclée qu'il donnerait aux deux jeunes gens.

Llane préfèrait ne pas déclencher les hostilitées tout de suite - histoire de s'amuser à l'humilier - ce qui était visiblement trop tard.
Le marin semblait vouloir se battre avec pour arme ces simples poings. Dans ce cas là, il n'avait aucune chance, c'était perdue d'avance. Certes, Llane n'avait pas une force incroyable, mais elle était rapide - ce qui était indispensable pour voler.

- Et toi qui voulait quitter le port incognito, ricanna la jeune fille. Avoues que c'est un peu raté non ?

[Humm… une fille qui semble avoir le sens de l’humour]

Il souriait tant pour lui que pour le marin qui les traitait de voleur. Certes il en était un, mais il n’avait pas encore fait ses preuves sur cette terre inconnue, alors on ne pouvait pas complètement l’accuser d’être un voleur. La bagarre était sa spécialité et il adorait ça, mais il voulait toutefois ne pas en déclencher une, pour l’instant, il préférait tout d’abord jouer avec les nerfs du marin qui s’était mit en position de combat. Il s’avança à quelque pas du marin, et s’arrêta en ouvrant les bras, comme tout bon snob.

-Comment pouvez-vous nous accusez d’une telle offense mon brave? Nous ne faisions rien de mal pourtant, à moins que deux jeunes gens, qui parlaient amicalement sur le port du quai soit un crime? Ai-je raison ou tort?

Il finit cette phrase par un sourire qu’il adressa au marin. Nicolas n’avait vraisemblablement pas perdu son langage raffiné de ses années de princes, avant qu’il ne fugue. Il sourit à la remarque de la jeune fille, mais resta toujours debout, les bras croisés devant lui, mais près à riposter s’il devait se défendre. De la manière où ses bras se trouvaient, ses mains touchaient le manche de sa petite épée, près à la sortir s’il le faudrait.

Il était difficile d'ignorer la rage soudaine du marin, et pourtant ce dernier avait réussi à faire un effort pour s'arrêter et écouter les propos du jeune garçon. Llane restait calme, mais prête à se défendre si le marin décidait de se battre. Il les regardait tout les deux d'un air suspicieux, mettant en doute la parole du garçon.

- Hum...On nous a volé plusieurs caisses de poissons, et je suis sûr que c'est l'oeuvre de petits voleurs comme vous ! répondit le marin, perdant un peu de son calme. Vous croyez p't'être que je suis assez naïf pour vous croire !

Après ces dernières paroles, le marin éclata de rire, heureux d'avoir enfin mis la main sur les voleurs qu'il traquait depuis longtemps. Llane était visiblement exaspérée, et elle voyait bien que cela ne menait à rien.

- Soit ! répondit-elle soudainement au marin, tout en sortant d'une de ces bottes un poignard qu'elle avait soigneusement caché. Puisqu'il n'y a apparemment pas d'autre solution, je me vois dans l'obligation de vous faire taire.

A la vue du poignard, le marin arrêta soudainement de rire, pour le plus grand bonheur de Llane. Il était mal à l'aise, sans doute avait-il cru que les deux jeunes gens étaient désarmés. Il commença alors lentement à perdre tout signe d'hostilité.

- Euh...Héhé, allons...Euh vous êtes jeunes...Je vais euh...passer l'éponge Ahaha ! dit-il un se grattant nerveuse la tête.

[ Tiens donc ... ]

Les paroles de Nicolas avaient semblé le calmer et pourtant c’était le contraire qu’il avait voulu faire. Habituellement, lorsqu’il utilisait sa diplomatie, ça rendait fou de rage les brutes et les idiot, et ils fonçaient sur lui, tête première. C’était un des moments qu’il adorait.

-Sachez que le poisson que vous possédez est tout à fait infect et pour vous montrer ma bonne volonté, j’en donnerais même pas à mon chien, de peur qu’il meure. Ces barils de morues, servent seulement à deux choses ; de un, a faire empoissonné le monde et de deux, à les faire puer comme des cochons… tels que vous.

Toujours son sourire en coin, il l’accentua, espérant que le marin réagirait enfin, même si la jeune fille lui avait fait drôlement peur en sortant sa dague. Nicolas préférait la laisser caché, pour faire une plus grande frayeur au marin, s’il se décidait enfin à riposter. La fille ne semblait pas vouloir de problème en ce battant avec ce marin, mais malheureusement, elle était tombée sur la mauvaise personne ce matin. Elle penserait sûrement qu’il s’enfuirait comme la première fois en sautant du quai, mais là, il avait le goût d’avoir de l’action. Il se recula de quelques pas sans jamais quitter le marin des yeux, et retourna à son point de départ. Du coin de l’œil, il regarda la fille et son poignard.

-Vous n’êtes pas aussi frêle que je le pensais.

Llane semblait beaucoup s'amuser. Bien au contraire, le marin lui ne savait plus quoi faire. D'un côté, il y avait sa dignité. Que dirait les autres s'ils apprenaient qu'il se soit fait battre par deux gamins ? Mais de l'autre, il y avait sa vie. Le garçon ne semblait pas vouloir se battre - du moins c'est ce qu'il croyait - mais son arrogance commencait sérieusement à l'énerver, et il avait du mal à contenir toute sa rage. Et puis, il y avait aussi Llane, et l'expression de son sourire en disait déjà long : Elle n'hésiterait pas à le tuer.

La jeune fille avait comprit le tourment du marin et ne cessait de sourire. En réalité, elle espèrait qu'il décide tout de même d'engager le combat. Elle ne s'était pas amusée depuis plusieurs semaines déjà. La vie dans les rues n'étaient pas toujours mouvementée contrairement à ce qu'on croyait. On se battait pour ne pas mourir de faim, mais là encore, ça n'avait rien de rejouissant.

Le marin prit finalement une décision : Partir en courant. Llane n'en croyait pas ses yeux. Son sourire ayant disparu, elle murmura:

- Lâche ...

Déçue de ne pas pouvoir se distraire avec le marin, elle rangea docilement son poignard à l'interieur d'une de ces bottes puis se tourna vers le jeune garçon.

- Nous avons une minute avant qu'il ne revienne avec une quinzaine d'homme.

S'il voulait éviter la confrontation, alors c'était le moment ou jamais de partir. Mais apparemment, il n'avait plus l'air d'avoir envie de fuir, on aurait même pu croire que cela l'amusait autant que Llane.

Le marin venait de se sauver à toute vitesse, les laissant là sans réagir et sans avoir enclenché le moindre combat. Nicolas était très déçu, mais n’en fit pas un drame. Comme toujours, il y avait des brutes et aux moindres mouvements de défense de sa victime, elle montrait sa vraie nature de trouillard.

La jeune fille lui parla en le prévenant qu’il reviendrait sûrement avec plusieurs hommes, et cela fit rire drôlement Nicolas.

[Ce pays va devenir intéressant pour voler les gens]

Cette pensée le fit sourire de plus belle et il lâcha un petit rire de contentement.

Il mit ses mains derrière son cou, faisant croire à l’autre qu’il réfléchissait. À vrai dire, il ne réfléchissait pas réellement, il voulait seulement que la minute abrège le plus possible avant de dire sa réponse. Trouvant qu’il avait assez attendu, il se décida enfin à parler.

- Je ne vais partir que si vous acceptez mon offre de dîner… sinon on restera ici et il pourra enfin y avoir de l’action dans ce misérable port…

Llane réflechissait. Proposition plus que bénéfique pour elle puique non seulement elle pourrait enfin se mettre quelque chose sous la dent, mais en plus de ça gratuitement, sans avoir besoin d'aller piller on ne sait quelle demeure. Oui, tout bon clandestin aurait sauté sur l'occasion, malheureusement pas Llane. Personne ne savait pourquoi elle avait tant de mal à accepter l'aide de quelqu'un - même si cela relevait plus d'une dette que d'une aide.

Mais si elle refusait, qu'allait-elle faire au juste ? Se battre avec les marins pour faire passer le temps ? Peut-être que ce n'était pas conseillé après tout. Elle n'avait rien mangé depuis presque une semaine, et cela commencait à se faire ressentir. Vertige, perte de vigilance et déquilibre, non tout cela ne pouvait plus durer. Pourtant...

- Tu ne me dois rien, répondit-elle en se tournant vers la mer.

[ Mauvaise réponse Llane... Ton lot de consolation sera ton corp qu'on jetera à la mer quand les marins te touveront morte de faim dans un de leur entrepôt ]

Il attendait patiemment la réponse de la jeune femme et fut très surpris par sa réponse. Nicolas la regarda, se demandant ce qu’il devait faire. Pendant qu'elle regardait les vagues de la mer qui bougeait au gré du vent, il la scruta en se disant qu’elle était vraiment têtue. Il se mit à réfléchir en se demandant s'il devait réellement rester ou aller manger, car son estomac criait famine, et en plus qu'il puait encore le poisson.

Avait-il vraiment envie d'une bataille? Certes oui, mais pas dans cette condition là. Il détestait partir au moment où tout allait devenir intéressant, mais pour son bien, il le fallait.

[Et tant pis pour la dette, je lui dois rien de toute façon...]

-Comme tu décline mon offre... peux-tu me dire où on peut trouver une auberge près d’ici, et mieux encore ici? Contrairement à certaines, je meurs de faim...

Il laissa sa phrase en suspend, croisa ses bras ensemble et attendit que la fille lui donne une réponse. Si le marin devait revenir, Nicolas trouvait que ça lui prenait beaucoup de temps pour aller chercher des armes ou d’autres marins. Comme à son habituel, Il sourit à cette pensée que ce trouillard puisse vraiment revenir.

Tanpis pour la nourriture, elle trouverait bien quelque chose à manger. Quoique peut-être pas aussi facilement. Elle réfléchie encore un peu, histoire de se mettre d'accord avec elle-même. Fallait-il vraiment refuser de la nourriture gratuite uniquement pas fierté ? Bah ... Faut croire que oui.

- Il n'y a pas grand chose ici, répondit Llane. Une taverne au milieu de la ville, mais rien de plus. Comme tu peux le voir, cette ville acceuille rarement les nouveaux à bras ouvert ... Et si c'est le cas, c'est pour une tout autre raison.

Effectivement, les clandestins finissaient chez les maîtres. Devait-elle le mettre en garde ou alors était-il déjà au courant de tout cela ? S'il venait d'une tout autre région alors il y avait peu de chance.

- Si tu y vas alors fais attention, ajouta Llane.

C'était la deuxième personne qu'elle mettait en garde, mais bon après tout, cela ne lui coûtait rien. Elle jeta un coup d'oeil là où le marin avait disparu quelques minutes plus tôt pensant qu'il ne reviendrait pas.

[ Tant mieux, je n'ai plus la force ]

La jeune fille avait raison. Lorsqu’il était arrivé, on l’avait déjà traité de voleur, alors il n’imaginait pas le restant de cette contrée. Nicolas se retourna vers la mer et regarda une fois de plus la forêt qu’il avait vue plus tôt. Il se demandait si c’était mieux de se rendre dans cette forêt pour se laver, ou il valait mieux se rendre tout de suite dans la ville pour aller à la taverne. Il resta quelques secondes, impassible devant la mer qui venait danser sous lui.

-Et cette ville, est-ce qu’elle est loin?

Il ne c’était même pas retourné. Il n’avait que légèrement tourné la tête.

[Si tu y vas fais attention]

Pourquoi lui avait-elle dit ça? Nicolas voulais savoir la raison, mais si cette fille n’en avait pas dit plus, c’était sûrement pour le protéger de lui faire trop peur. Cependant, Nicolas n’était pas curieux et aimait découvrir par lui même, même si ça pouvait être dangereux.

-d’accord.

Allait-il vraiment y aller ? C'était risqué, surtout en ce moment. Elle ne savait pas pour quelle raison, mais il y avait de plus en plus de maître, et de moins en moins de clandestins en fuite. Elle l'avait remarqué, et cela, d'une manière ou d'une autre ne présagait rien de bon.

- Ce n'est pas très loin, tu peux y être en quelques minutes.

Consciente qu'elle l'envoyait peut-être dans la gueule du loup, Llane se sentit un peu mal. Elle qui d'habitude se moquait des maîtres autant que des clandestins. Oui, c'était étonnant de sa part. Jusqu'ici elle n'avait cessé de dire que ce n'était pas son problème, et que les autres pouvaient très bien se débrouiller seul. Peut-être commencait-elle à se rendre compte que les choses étaient entrain de dégénèrer, et qu'elle aussi était en danger.

- Je t'accompagne, déclara soudainement Llane. Rassures-toi je ne compte pas profiter de ton argent pour manger, mais je n'ai plus rien à faire ici, je dois rentrer ... chez moi.

Sur ce, elle s'éloigna du quai et commenca à marcher vers la ville.

- Alors, tu viens ?

Il regarda la forêt en se demandant s’il voulait réellement se diriger tout de suite vers la ville. Il y avait des avantages et des inconvénients bien sûr, mais puisque la journée ne faisait que commencer, il pourrait bien y aller plus tard à la taverne. Pour ce qui était de la nourriture, celle qui possédait était maintenant plus mangeable. Dans une forêt il devait bien y avoir des petits fruits, alors il décida d’y aller.

C’est alors que la jeune fille lui déclara qu’elle l’accompagnait à la taverne. Il resta ébahit, elle voulait rentrer chez elle, mais Nicolas trouvait qu’elle avait hésitée et se demanda si elle avait réellement une demeure. Avant même qu’il n’ai eu le temps de répondre, elle commençait à partir.

-Attend.. minute...

Il courut jusqu’à elle et se posta devant elle, pour l’arrêter.

-Tu es peut-être pressée, mais tu préfèrerais pas aller faire un tour dans la forêt? Sincèrement, je veux encore visiter un peu les alentour avant d’aller dans cette ville. Je préfère y aller vers le coucher du soleil. Si tu veux pas, on va partir chacun de notre bord.

Même si elle ne le montra pas, Llane fut rassurée que le jeune garçon ne se rende pas tout de suite dans la ville. Un petit sourire sur les levres, à peine perceptible, Llane se souvint de sa dernière visite dans les bois. Heureuse de ne pas retourner en ville, mais d'aller dans un endroit où elle se sentait bien, la jeune fille avait du mal à garder sa joie pour elle même.

- Exellent choix ! s'exclama Llane. Tu ne t'immagine pas comme cet endroit peut-être merveilleux !

En réalité, cette forêt n'avait rien d'extraordinaire, elle ressemblait à toutes les forêts. De grands arbres tapissés de lierre, des herbes hautes et un petit ruisseau. Mais comme Llane avait grandi dans une piece froide dépourvue de fenêtres, ce paysage lui paraissait vraiment magnifique.

Dans ce cas, dit la jeune fille en se retournant, il faut aller ... De ce côté !

Ni une ni deux, la jeune fille se mit en marche. Sans doute allait-elle passer pour une vraie girouette doublée d'un boulet, mais pour l'instant ce n'était pas vraiment cela qui occupé son esprit. Non, elle semblait plutôt se concentrer sur sa prochaine destination, le sourire aux lèvres.

Il s’attendait plutôt à se faire dire qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, mais voilà que la jeune fille lui parla avec une détonation qu’il n’avait pas encore attendue de sa part. C’était une voie agréable à entendre. Comme ça cet endroit était magnifique ? Ce qu’il voulait surtout savoir, c’était s’il y avait un lac où il pourrait faire une petite plonge. Même si c’était un humain, Nicolas adorait la sensation que l’eau pouvait procurer sur son corps. Il se sentait tellement libre et cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas été. Il ne pouvait pas compter son saut dans la mer, car elle était salée et en plus il avait tout son linge sur son corps.

Comme la dame partait déjà vers la forêt, Nicolas dut une fois de plus se mettre devant elle pour l’arrêter.

-Juste avant de partir, pourrait tu me dire s’il y a un lac tout près, car j’aimerais beaucoup y aller?... Moi c’est Nicolas enfaîte.

Il avait lancé sa dernière phrase tout bêtement. Si la dame voulait se présentée, elle le pourrait, mais si elle ne voulait pas, il ne la forcerait pas. C’était seulement pour pouvoir l’appeler par son prénom, puisqu’ils passeraient une bonne partie de la journée ensemble. C’est ce qu’il croyait en tout cas.

Quand le jeune garçon se posta à nouveau face à elle pour l'arrêter, elle s'imagina qu'il avait encore changer d'avis et qu'il préférait aller en ville. Si c'était le cas, elle ferait tout pour l'en dissuader, mais heureusement pour elle, elle n'eut pas besoin de se donner cette peine. Le lac ? Pourquoi pas, il était joli à regarder.

[ Qu'on s'éloigne le plus possible ...]

- Nicolas ? C'est bizarre, d'où ça vient ? demanda t-elle, pensive.

Parfois on se demandait si Llane n'avait pas une double personnalité tellement elle pouvait être étrange. Il y a des moments, elle était distante, froide, et elle n'accordait aucune importance à tout ce qui l'entourait. Et dans de rares moments, elle ressemblait à une enfant qui posait sans arrêt des questions sur tout. Deux personnes ... Complètement différentes.

- Tu as de la chance, le lac n'est pas loin de la forêt.

N'attendant aucune réponse du jeune homme, elle continua de marcher, visiblement pressée de s'éloigner le plus de la ville. En marchant, elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas présentée. Etait-ce vraiment nécessaire ? Oh et puis après tout ...

- On m'appelle Llane, enchanté.

Un nom bizarre, son nom était beau pourtant et c’était un nom de royauté dont la famille royale aimait donner à leur garçon. Il était évidemment qu’elle n’était jamais allé en Europe, sinon elle l’aurait très souvent entendu et surtout dans son pays.
Il fut surtout très heureux de savoir qu’un lac se trouvait dans les parages. Il pourrait se ressourcer tant qu’en nourriture qu’en eau, car on y trouvait toujours des fruits sauvages près des sources d’eaux. La jeune fille semblait elle aussi aimer cet endroit, en vérité tout ce qu’il entourait la nature pensa Nicolas.
Comme les deux fois précédente, elle se remit en marche en finissant sa phrase.

[Elle ne semblait pas aussi pressée tout à l’heure]

Il laissa entrevoir un petit sourire et courut à sa poursuite. À peine rendu à ses côté, elle se présenta.

-Hé! Pourquoi marcher si vite? On est pas pressés, si tu dis que la forêt n’est pas si loin?

Il s’arrêta de marcher rapidement et s’arrêta, comme pour lui dire de modérer le pas. Il se croisa les bras et repensa à son nom.

-Tu trouve que j’ai un drôle de nom, mais je peux en dire autant sur le tient. J’ai jamais entendu ça Llane où je vivais.

( Et moi qui était en panne d'imagination, je me surprend Very Happy

)

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